« Perdre son logement, c’est perdre la première des protections ! »
la Fondation pour le Logement des Défavorisés menait une action coup de poing « Au point mort » ce matin place du Palais Royal, à Paris.

Ce lundi 31 mars marque la fin de la trêve hivernale et la reprise des expulsions locatives partout en France. « Un fléau que la Fondation compte dénoncer aujourd’hui, alors que 24 000 ménages ont été expulsés en 2024, un chiffre record et qui est sans doute plus élevé car il ne prend pas en compte toutes celles et ceux qui quittent leur logement avant de subir le traumatisme de l’expulsion, soit 2 à 3 fois plus… Pour la Fondation, cette année 2024 souligne le durcissement des politiques en matière d’expulsions et marque un tournant politique et social alarmant», précisait ce matin, Christophe Robert, Délégué général de la Fondation pour le Logement des Défavorisés.
Expulsion : exception
Des ménages forcés à vivre dans leur voiture, à squatter chez les amis, à se réfugier dans des habitats de fortune ou pire encore, se retrouver à la rue sans autre solution, faute de places en centres d’hébergement d’urgence saturés partout sur le territoire… avec son opération coup de poing « Au point mort » organisé ce lundi matin, Place du Palais Royal, où elle avait convié la presse, la Fondation pour le Logement des Défavorisés soulignait que le logement est la première des protections.
« Nous appelons le gouvernement à renverser la politique actuelle en faisant de l’expulsion une exception et non la règle. Nous demandons aux pouvoirs publics à renforcer la prévention des expulsions en déployant largement toutes les aides au maintien dans le logement, tout en indemnisant les propriétaires ; en revenant sur les mesures répressives envers les locataires en difficulté et enfin en mettant en place une politique du logement solidaire », a déclaré Christophe Robert.
Charges locatives trop élevées, hausse des tarifs de l’énergie, hausse des loyers… Des mesures sociales doivent être prises au plus vite pour éviter que la hausse des impayés de loyer ne se poursuivent et ne provoquent de terribles drames humains, alors que de nombreux ménages en difficulté vont désormais se réveiller avec la peur au ventre.
L’anxiété permanente
C’est le printemps et Mme H, fonctionnaire de la Ville de Paris, profite cet après-midi du soleil et de la douceur pour se promener et se détendre, alors que l’angoisse monte.
« Je suis dans un état d’anxiété permanent. Je suis sur la sellette et je ne sais pas quoi faire de plus. Grâce à l’aide de l’Espace Solidarité Habitat (ESH), j’ai tout fait comme il fallait : ma demande de logement social dès 2018, mon recours Dalo… je vais également tous les jours sur le site de « Loc’Annoncesagent » pour essayer de trouver un logement, mais chaque demande que je fais est refusée. Ce qui me choque, c’est que je travaille pour la Ville de Paris et que je ne trouve pas de logement. »
Fonctionnaire de la Ville de Paris, Mme H, risque d’être expulsée de son logement. À 46 ans, elle souffre de très gros problèmes cardiaques et a subi depuis 2021 plusieurs opérations très lourdes, enchaînant les séjours à l’hôpital.D’autres sont à venir.
« La première fois que l’on m’a dit que j’allais être expulsée, c’était en 2018. Je suis passée en audience au Tribunal en décembre 2021 et la décision d’expulsion a été prononcée en mai 2022. Mon état de santé m’a permis d’obtenir un délai d’un an. Mais en septembre dernier, quand j’ai été convoquée par le commissariat, j’ai bien senti que là, je risquais de me retrouver dehors très vite. J’ai vraiment paniqué. J’ai même écrit à Mme Macron ! On m’a expliqué en plus qu’avec la nouvelle loi Kasbarian, il y avait encore moins de délai pour me trouver une solution avant d’être expulsée… c’est terrible !
Grâce à l’ESH, qui m’a vraiment accompagnée et soutenue, j’ai pu éviter l’expulsion jusqu’à aujourd’hui. C’est grâce à eux si je me bats encore, malgré tout.
Aujourd’hui, la petite dette de loyer que j’avais est apurée. Mais là, j’ai vraiment peur. L’assistante sociale de mon arrondissement m’a aidée à faire un dossier pour une demande d’Aide au relogement pour les publics prioritaires auprès de la Ville de Paris (ARPP), mais je n’y crois pas beaucoup… Et de toute façon, c’est très long comme démarche. Qu’est-ce que je vais devenir en attendant ? Finir à la rue ? »