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Fin de la trêve hivernale : 24 000 expulsions locatives, une hausse record

En 2024, 24 000 ménages1 ont été expulsés de leur logement et 2 à 3 fois plus sont partis avant l’expulsion pour éviter un traumatisme supplémentaire. Ces chiffres inédits dépassent le record précédent de 19 000 expulsions en 2023, et ont plus que doublé depuis 10 ans. L’année 2024 souligne le durcissement des politiques en matière d’expulsions et marque un tournant politique et social alarmant. La Fondation pour le Logement rappelle que le logement est un besoin vital et demande un nouveau plan de prévention des expulsions. 

À la veille de la reprise des expulsions locatives, le 1er avril, il faut rappeler que perdre son toit, c'est perdre son chez soi, la première des protections.  « C’est également, la plupart du temps, perdre - par manque de moyens- ses meubles, ses vêtements, ses affaires d’école, ses documents administratifs… Cette perte de repères génère des conséquences graves et durables dans la sphère professionnelle, familiale, sociale et scolaire, mais aussi sur la santé physique et mentale des personnes qui vivent cette épreuve. Depuis de nombreuses années, nous appelons à des mesures offensives pour soutenir les ménages et éviter ces situations dramatiques. Mais à ce jour les politiques de prévention sont au point mort et les récentes mesures législatives aggravent la situation », déplore Christophe Robert, délégué général de la Fondation pour le Logement.

D’après notre étude de 2022 sur le devenir des ménages expulsés :

  • 71 % des personnes expulsées souffrent de problèmes de santé physiques ou psychologiques
  • 80 % des enfants sont affectés dans leur bien-être suite à une expulsion
  • 29 % d’entre elles perdent leur emploi

Ces difficultés marquent profondément la vie des personnes, parmi lesquelles les femmes seules et avec enfants sont surreprésentées. Les conséquences sur l’instabilité résidentielle sont durables : 

  • 50 % des personnes expulsées font appel à leur réseau amical ou familial, contraintes à une promiscuité difficile ; d’autres sont prises en charge à l’hôtel dans des conditions également précaires et souvent brèves, ou trouvent d’autres solutions de repli : camping, mobile-home... Dormir dans sa voiture devient parfois la seule piste, même pour les familles.
  • Et quand il n’y a pas ou plus de possibilités, elles se retrouvent à la rue : 10 % d’entre elles ont connu une période de vie à la rue dans leur parcours
  • Seules 68 % des personnes parviennent à retrouver un logement stable, après en moyenne 11 mois d’attente, tandis que plus d’un tiers sont encore en errance et ne peuvent se reconstruire, même 1 à 3 ans après l’expulsion.

Au lieu de poursuivre les mesures de protection prises pendant la crise sanitaire, l’État a aggravé la situation de manière inédite et alarmante. « La loi dite « Kasbarian-Bergé » adoptée en 2023 a fortement durci les procédures, réduit drastiquement les possibilités de maintien dans le logement et s’est accompagnée d’instructions auprès des préfets pour expulser de manière plus systématique. Cela au moment même où l’inflation précarisait davantage les ménages et où la hausse des prix de l’énergie occasionnait une augmentation inédite des impayés d’énergie et un record de coupures d’électricité (1,2 million en 2024) », conclut Christophe Robert. 

La Fondation pour le Logement des Défavorisés appelle le gouvernement à renverser la politique actuelle en faisant de l’expulsion une exception et non la règle. Elle exhorte les pouvoirs publics à renforcer la prévention des expulsions en déployant largement toutes les aides au maintien dans le logement, tout en indemnisant les propriétaires ; en revenant sur les mesures répressives envers les locataires en difficulté et enfin en mettant en place une politique du logement solidaire. 

1  Source : nombre de procès-verbaux d'expulsion établis en 2024 par les commissaires de justice 

En cette fin de trêve hivernale, la Fondation a choisi d’investir une place centrale de Paris pour dénoncer l’augmentation sans précédent du nombre d’expulsions et l’absence de solutions proposées :
« Au point mort »

Le lundi 31 mars 2025 à 10 heures,
Place du Palais Royal, 75001 Paris.

CONTACTS PRESSE :
Angèle Roblot, chargée de relations médias : aroblot@fondationpourlelogement.fr - 06 23 25 93 79
Raphaëlle Graffion, assistante de relations médias : rgraffion@fondationpourlelogement.fr - 06 23 80 87 31
Brenda Gomes Rodrigues, assistante de relations médias : media@fondationpourlelogement.fr